Suite et fin de ma (longue) série d’articles consacrés à l’art du collage.
Aujourd’hui, pour finir ce petit tour d’horizon, on parle des inclassables : ceux qui jouent avec les images existantes pour en faire des compositions géométrico-réalistes, ceux qui partent du côté de l’abstrait et expérimentent de nouveaux supports ou ceux qui dessinent comme s’ils collaient au point que l’on croit à des collages au premier regard.
On commence avec un artiste dont l’univers me touche tout particulièrement : Jockum Nordström.
J’ai découvert le travail de Jockum Nordström à l’occasion de son exposition « Tout ce que j’ai appris puis oublié » au Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq il y a quelques années et j’ai tout de suite été touché par sa sensibilité et la touche naïve que l’on retrouve dans toute son oeuvre, aussi bien dans ses collages que dans ses dessins et maquettes. Ni art brut, ni art modeste, les collages graphiques de cet artiste suédois, qui mêlent abstrait et figuratif, en appellent tant au conscient qu’à l’inconscient, entre simplicité et précision, comme une plongée dans un monde onirique où l’on rêverait de se perdre.
Matthew Craven – HIWBTW ( The Hero) / History is Written by the Winners série
Matthew Craven – Untitled / Ancient Pleasures série
Matthew Craven, c’est un peu la révélation surprise de cette série : j’avais l’image de son héros au visage jaune depuis des années dans mon ordinateur sans jamais m’être intéressée à son auteur. Quand j’ai commencé mes recherches, je suis tombée sur son oeuvre géniale. Révélation et gros coup de coeur pour cet anthropologue des temps modernes qui compile des images historiques de bâtiments, symboles ou personnages anciens avant de les mettre en scène à l’aide du collage et du dessin. Entre base de données et typologie, à l’image de sa série Ancient Pleasures, ces oeuvres graphiques et colorées ont l’air tout droit sorties d’un livre d’histoire d’un nouveau genre.
Kelly O’Connor – Old Faithful / Post-Utopia série // Kelly O’Connor – Untitled / Valley of The Dolls sérieKelly O’Connor – Hotel Pool
On continue avec Kelly O’Connor, une artiste américaine dont le travail est basé sur un principe simple : des images d’architectures et de lieux ou de personnages issues des années 50 et 60 qu’elle réinterprète en jouant avec les volumes, y insérant des motifs géométriques colorés (et pailletés ^^). J’aime beaucoup son travail de collages super frais et un peu psychédélique. Et, pour ne rien gâcher, elle pousse l’intention jusqu’au bout et développe lors d’expositions des installations et objets qui reprennent les motifs géométriques de ses collages.
On reste dans un univers hyper coloré avec les français d’Atelier Bingo. Je vous ai déjà parlé de ce couple de talent plusieurs fois mais, il parait que quand on aime, on ne compte pas ! Maxime et Adèle collent, dessinent comme ils collent et, parfois, sérigraphient ce qu’ils ont collés ou dessinés. J’adore leurs compositions qui mixent allègrement motifs, couleurs et matières dans un joyeux mélange. Clin d’oeil à Matisse (ou pas), leur travail se décline aussi en très beaux objets en céramique : cache-pots (on ne se refait pas), carnets ou textiles …
Impossible de parler de couleurs sans évoquer la série Re.Cover de Ana Strumpf. Bon, ok, il ne s’agit pas de collage à proprement dit mais de dessins. Mais, personnellement, je trouve que c’est un peu comme si on avait laissé trainer des gommettes dans une salle d’attente et qu’un grand enfant s’était amusé avec, non ? Les touches colorées en pagaille, le détournement, les motifs en veux-tu, en voilà … J’aime beaucoup cette série tellement pop qui, dans l’esprit, me fait un peu penser à Kelly O’Connor (si, si plus haut).
Kent Rogowski – #7 / Love = Love série
Kent Rogowski – #1 / Love = Love série
On termine avec un autre outsider. Kent Rogowski, comme Ana Strumpf, ne travaille pas réellement le collage. L’essentiel de son œuvre est basé sur le détournement et la manipulation d’objets du quotidien. Dans sa série Love = Love, il (re)crée des puzzles en mélangeant les pièces de puzzles déjà existants. Le résultat, kitsch et coloré, est un vrai appel au voyage et à la rêverie.
Ca y est, mon petit tour d’horizon de l’univers du collage contemporain – mais pas que – est terminé. J’espère vraiment que cette série d’articles vous aura plu et qu’elle vous aura donné envie de vous plonger un peu plus dans les œuvres des uns et des autres.